Etude d’impact environnemental et social – Projet de construction d’une ligne électrique de 225 kV pour l’alimentation du Complexe Industrialo-Portuaire de Kribi – Région du Sud-Cameroun

Présentation de l’étude

 

La présente étude d’impact environnemental et social (EIES) détaillée, réalisée dans le cadre du projet de construction d’une ligne électrique de 225 kV pour l’alimentation du Complexe Industrialo-Portuaire de Kribi (CIPK) à partir de la centrale à gaz de Kribi et conformément au décret n°2013/0171/PM du 14 février 2013 fixant les modalités de réalisation des études d’impact environnemental et social a été commanditée par SINOHYDRO TIANJIN ENGINEERING CO., LTD, Maître d’œuvre du projet pour le compte du MINEPAT à travers le CIPK. Cette étude d’impact environnemental et social a été réalisée dans le but de lui permettre de se conformer à la réglementation camerounaise en matière de gestion de l’environnement. Le projet est localisé dans la région du Sud, Département de l’Océan, Communauté Urbaine de Kribi (CUK), Arrondissements de Kribi 1, Kribi 2 et Lokoundjé. Le maître d’ouvrage qui est le MINEPAT à travers le CIPK voudrait y construire une ligne électrique de 225 kV pour l’alimentation du CIPK dans la perspective de développer sa composante industrielle et commerciale.

JMN Consultant est un bureau d’études spécialisé dans l’accompagnement des projets de développement durable, intervenant sur la base d’une large palette de prestations bénéficiant des agréments ministériels nécessaires dans les domaines de la gestion de l’environnement, de la gestion des ressources humaines et du développement économique.

Après l’approbation des Termes de Référence (TdR) par le MINEPDED le 11 octobre 2016, SINOHYDRO TIANJIN ENGINEERING CO., LTD, a confié la réalisation de cette étude d’impact environnemental et social au cabinet JMN Consultant, qui est agréé par le Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable.

 

Ligne Electrique Kribi


Le présent projet qui s’inscrit dans un contexte global d’alimentation en énergie électrique du CIPK, découle de la phase initiale de son Système d’Alimentation en Énergie Électrique (SAEE) et vise la construction d’une ligne électrique biterne de 225 kV qui va partir de la centrale à gaz de Kribi dont le projet d’extension de 216MW a 330 MW est en cours, pour le CIPK, d’une station de relevage 225 kV, d’une sous-station de transformation de 225/30kV et des lignes de distribution 30 kV, pour l’alimentation du complexe industrialo-portuaire de Kribi. Il est concrètement question de répondre à terme aux besoins des quatre phases de développement du CIPK.

L’objectif de la présente étude d’impact environnemental et social est de poser un diagnostic socio-environnemental sur les différentes phases de mise en œuvre du projet construction de la ligne biterne 225kV, afin d’identifier et d’évaluer les impacts et risques environnementaux qui en découlent, de proposer des mesures d’atténuation ou d’élimination des impacts négatifs, de maximiser les impacts positifs, et d’élaborer le Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES) en mesure de permettre à SINOHYDRO TIANJIN et au CIPK qui prendra le relais de l’exploitation de la ligne électrique de veiller à la protection et à la préservation de l’environnement conformément à la réglementation en vigueur.

L’approche méthodologique globale utilisée pour la réalisation de cette étude comprend plusieurs étapes: prise de contact et de concertation avec  le Maitre d’Œuvre (SINOHYDRO TIANJIN) et le Maitre d’Ouvrage (COPIL/CIPK) du projet, recherche documentaire, missions sur le terrain pour la collecte des données, consultations publiques, analyses et exploitation des données et production du rapport d’étude et de son Plan de Gestion Environnementale et Sociale. L’identification et l’évaluation des impacts s’est faite à base des matrices d’interrelation et de listes de contrôle recommandées.

Description de la zone du projet (zone d’étude, milieux naturel et social)

L’analyse du milieu physique révèle la présence d’un climat équatorial à quatre saisons bien distinctes. La moyenne annuelle des précipitations est de 2900 mm réparties sur plus de 204 jours, avec un maximum de l’ordre de 3000 mm/an. La moyenne de température est de 25°C et atteint 27°C en saison sèche. Le relief de la zone est peu accentué et relativement plat, avec des altitudes variant entre 0 et 300 m. L’hydrographie de la zone est dominée par les fleuves : Ntem, Nyong, Kienké, lokoundje, lobé, etc. Le corridor de passage de la ligne 225 kV, est traversé par les rivières Kienké et Lobé.

L’analyse du milieu biologique, montre que la faune autrefois abondante et diversifiée a connu une baisse relativement importante, sous l’effet des activités anthropiques et des projets en cours dans le périmètre de passage du corridor de la ligne 225 kV. Toutefois, on y retrouve encore de petits mammifères (Atherurus africanus, Cricetomys gambianus, Thryonomys swinderianus, Heliosciurus pyrrhopus), des oiseaux (Haliacetus vocifer, corythaeola cristata) et des reptiles (Python regius). La ressource halieutique des deux principaux cours (Kienké et Lobé) traversé par la ligne est riche et variée, avec des espèces telles que : les silures, les carpes, le tilapia, le machoiron, les mulets…Pour ce qui est de la flore, les observations du tracé de la ligne 225kV montrent la présence des espèces ligneuses commercialisables (Tali, Niové, Padouk, Azobé, Ilomba…) et non commercialisables. On y retrouve aussi des Produits Forestiers Non Ligneux (noisettes, mangues sauvages…) très prisés par les populations locales.

L’analyse du milieu humain montre qu’il n’y a aucun village dans le périmètre du corridor de la ligne de transport 225 kV. Toutefois, des villages ayant des territoires qui s’étendent jusqu’au périmètre de ce corridor ont été identifiés. Ils sont au total seize, répartis dans trois communes (Kribi 1, Kribi 2 et Lokoundjé). Les ethnies autochtones identifiées dans l’ensemble de ces villages sont constituées majoritairement des Mabi ainsi que des Batanga et des pygmées Bagyéli.

L’analyse de l’environnement socio-économique montre que les principales activités exercées par les populations sont l’agriculture, la pêche et la collecte des Produits Forestiers Non-Ligneux. On trouve très peu d’infrastructures sociales de base dans les villages traversés. La plupart des villages ont encore recours à l’eau de rivière pour leur consommation et pour les usages domestiques. La population des seize villages concernés est estimée à 16 000 habitants.

Identification et évaluation des impacts sur les composantes socio-environnementales affectées par les activités du projet

Comme impacts positifs : la création d’emploi et éventuellement de nouvelles PME, l’amélioration des moyens de communication dans les villages dont les territoires s’étendent jusqu’au corridor de transport de la ligne, par l’aménagement de portions routières, main d’œuvre temporaire qui aura un impact positif transitoire au niveau local et sera demandeur de biens et de services, incitation pour le développement de la composante industrielle et commerciale du CIPK. Le projet apportera des garanties nouvelles et un encouragement aux investisseurs potentiels, à terme le projet permettra l’accès à l’énergie électrique à des villages jusqu’ici sans électricité, etc.

Comme impacts négatifs : la pollution des eaux de surface et l’obstruction du lit des rivières, l’établissement des chantiers, les dépôts de matériaux, le transport de remblai/deblai, les travaux de terrassement avec les risques de compactage des sols, l’augmentation du facteur érosif, la destruction localisée du couvert végétal, les risques de pollution par les effluents divers et les déchets de chantiers, la réduction du niveau d’accessibilité aux Produits Forestiers Non-Ligneux, la perte des cultures et des espaces cultivables, la non capitalisation de l’expertise locale dans la mise en œuvre du projet, les mouvements d’humeur pouvant résulter des indemnisations antérieures non encore soldées.

En période d’exploitation, les impacts négatifs pourront résulter des opérations d’entretien (travaux de peinture, de soudures et de débroussaillement) du corridor et de maintenance de la ligne 225 kV et ceux liés à l’exploitation de la ligne (électrocution pour l’avifaune et la non électrification des villages, malgré le passage de la ligne 225 kV), l’abandon des déchets mécaniques solides dangereux ou non sur les différents chantiers, etc.

Mesures d’atténuation (présentation simplifiée du Plan de Gestion Environnementale et Sociale)

Du point de vue général, il est recommandé à SINOHYDRO TIANJIN de recruter un responsable HSE (Hygiène, Sécurité et Environnement) qui sera chargé en plus de la mise en œuvre des mesures du Plan de Gestion Environnementale et Sociale relatives à la phase de construction, d’assurer que les travaux à engager pendant les phases de pré-construction et de construction se déroulent dans des conditions optimales de sécurité, de solliciter une autorisation de récupération de bois au MINFOF, d’effectuer un inventaire des espèces commerciales, d’établir un bordereau de suivi des déchets dangereux et non dangereux, de solliciter une DUP pour la ligne 225 kV. Il est aussi recommandé d’ajouter la responsabilité de mise en œuvre des mesures du Plan de Gestion Environnementale et Sociale relatives à la phase d’exploitation aux missions de la cellule environnementale de l’unité opérationnelle du CIPK.

Du point de vue Hygiène, Sécurité et Environnement (HSE), le Plan de Gestion Environnementale et Sociale préconise entre autres mesures: d’élaborer un plan d’Hygiène, Santé, Sécurité et Environnement  (HSSE), d’établir un manuel de procédures environnementales dont le respect devra être exigé à chaque prestataire potentiel de service, d’exiger un plan d’Hygiène, Santé, Sécurité et Environnement à tout prestataire potentiel de service et la mise à disposition/distribution des Equipements de Protection Individuelle (EPI) à tout le personnel des chantiers y compris à tout visiteur potentiel sur les chantiers, Elaborer un Plan de réponse et d’assistance aux victimes en cas de survenu éventuel de sinistre sur la ligne électrique…

Du point de vue socio-économiques, le Plan de Gestion Environnementale et Sociale préconise entre autres mesures : de faire une large diffusion des opérations de recrutement et des appels à sous-traitance auprès des populations locales, d’indemniser les populations identifiées comme ayant des biens sur le corridor de transport de la ligne 225 kV, préparer une note à l’intention des autorités traditionnelles des villages concernés et organiser un atelier de sensibilisation, dans la perspective d’éviter les confusions pouvant résulter des indemnisations non encore soldées et d’absence d’électricité dans les villages traversés par la ligne, recruter une personne par village pour la surveillance et le contrôle du corridor, de la ligne et ses installations.

Le coût estimé du Plan de Gestion Environnementale et Sociale est de 95 070 000 FCFA (Quarante-quatre millions cent soixante-dix mille Franc CFA) dont 56 350 000 F CFA pour les mesures du Plan de Gestion Environnementale et Sociale relatives à la phase de construction et 38 720 000 F CFA pour les mesures de PGES relatives à la phase d’exploitation. Ces coûts n’intègrent pas les mesures dont le coût de mise en œuvre dépend lui-même du coût de mise œuvre globale du projet.

Le Plan de Gestion Environnementale et Sociale établi dans cette étude, aborde de manière détaillée les mesures environnementales à réaliser, les acteurs de suivi, les indicateurs et les coûts indicatifs de chaque mesure.

La mise en œuvre rigoureuse des mesures préconisées dans son Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES), le projet de construction d’une ligne Haute Tension pour l’alimentation du CIPK à partir de la centrale à Gaz de Kribi, pourra s’insérer harmonieusement dans son contexte environnemental et social.